À la fin de la semaine dernière, j’ai appris le décès de Maître Okamoto. C’est Michiyo, la fille aînée de Maître Deshimaru, qui me l’a annoncé.

J’avais fait sa connaissance au printemps 1976, au cours duquel, avec quelques condisciples, nous avons accompagné Sensei au Japon.

Nous avons séjourné à deux reprises dans le petit temple Seikyuji, qui dépendait de Teishoji, le temple d’Okamoto Roshi.

Il était un grand ami de Maître Deshimaru, et son père était proche de Kodo Sawaki. 
Teishoji se situe à Saku, ville dans les montagnes de la province de Nagano. Kodo Sawaki y a séjourné à de nombreuses reprises, ainsi que pour des sesshins. Il y a peu de temps – avant que d’importants travaux de rénovation ne la suppriment – existait encore la chambre de Kodo Sawaki, où Sensei aimait dormir, et retrouver souvenir de son maître.

 

Peu de gens savent à quel point ce moine a aidé ce que Maître Deshimaru appelait sa mission.

Peu de gens savent à quel point ce moine a aidé ce que Maître Deshimaru appelait sa mission. Deux ans après la mort de Kodo Sawaki, Sensei vint en France. C’est Maître Okamoto qui, par la suite, l’aida en lui permettant de faire la cérémonie de Shusso, Hossensiki ; puis il œuvra afin qu’il pût recevoir la transmission du Zenji du temple de Sojiji, Yamada Reirin Roshi.

C’est encore lui qui permettra à Sensei d’obtenir un temple au Japon, le petit temple Seikyuji. Il l’a aidé sans relâche de façon totalement désintéressée.

C’était un moine plutôt timide, de la campagne, avec un respect infini pour Maître Deshimaru et sa mission.

C’était un moine plutôt timide, de la campagne, avec un respect infini pour Maître Deshimaru et sa mission. Jamais il n’a cherché à se mettre en avant ou à avoir des disciples occidentaux. Lorsqu’il nous a donné la transmission, à Michel Bovay et à moi-même, il nous a dit : « Je ne veux pas que vous deveniez mes disciples, je vous aide comme j’ai autrefois aidé Maître Deshimaru, il restera toujours votre Maître.»

Rares sont les gens faisant preuve d’une telle délicatesse. Même sur les photos, il mettait les autres en avant et lui derrière. Il a par la suite donné la transmission à d’autres disciples de Sensei, et toujours avec le même esprit.

C’est avec émotion que je vous invite à lui offrir une cérémonie dans vos dojos respectifs, avant que tous ensemble, nous lui rendions hommage dans notre temple Seikyuji. Temple dans lequel il s’est rendu à trois reprises, de même que dans notre dojo de Lisbonne.

Je tiens aussi à remercier Michiyo, la fille de Maître Taisen Deshimaru qui, sans relâche a maintenu le lien entre Teishoji et la mission de Sensei ; plus personnellement, elle m’a constamment aidé, ainsi que notre temple Seikyuji. Elle est aujourd’hui remplie de tristesse.

Enfin je n’oublie pas Mme Okamoto, dont, à chaque fois que je me rends à Teishoji, j’ai l’impression de rencontrer simultanément ma mère et Kannon. Elle nous a toujours accueillis avec une infinie gentillesse. Son énergie, malgré son âge, nous a tous impressionnés.

J’espère, dès que les conditions sanitaires le permettront, lui rendre visite, et aller m’incliner devant la tombe d’Okamoto Roshi, mon maître de transmission.

Raphaël Doko Triet